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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

champs fertiles, soixante mille habitans y trouvent l’abondance ; le commerce s’empare de l’excès des récoltes et de plusieurs denrées précieuses ; des navires arrivent chaque jour de tous les points du globe ; des cités s’élèvent ; des routes sont établies dans toutes les directions ; des chariots, des voitures publiques, de brillans équipages les parcourent, et quarante ans se sont à peine écoulés depuis que les premiers colons ont débarqué sur ces rivages.

En déportant ainsi le rebut de sa population dans des contrées saines et tempérées, l’Angleterre a assuré sa tranquillité intérieure, amélioré les mœurs du peuple, diminué le nombre des exécutions, fait des économies sur ses frais de police et sur la taxe des pauvres, et transformé des criminels, des vagabonds et des misérables en citoyens laborieux et paisibles. En même temps elle a placé aux extrémités de la terre le berceau d’un peuple qui y rappelle sa puissance, ouvert un asile assuré à l’excès de sa population, rendu à la jouissance de l’homme civilisé une vaste portion du globe, et établi des débouchés considérables pour alimenter son commerce.

Voilà, ce me semble, la manière large et impartiale dont l’histoire doit envisager la fondation des colonies pénales de l’Australie et ses immenses résultats. Cet esprit, j’en conviens, est tout-à-fait opposé aux vues étroites d’un ouvrage récent dans lequel on a voulu déprécier la grande conception