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GROTTE D’ADELSBERG.

Nous descendîmes à notre tour, après avoir disposé plusieurs chandelles allumées sur les aspérités que nous abandonnions. En traversant, d’une arche à l’autre du pont, la petite rivière, au moyen des rochers et des saillies qui s’élèvent sur ses eaux, je voulus vainement en suivre le cours dans les profondeurs de la caverne ; les lumières que nous avions laissées au-dessus de nous, et celles dont nous étions munis, ne me laissaient apercevoir que l’immensité qui nous entourait, et ne me permettaient pas de juger des moindres détails. Devant nous, les parois de la caverne s’élevaient à une hauteur presque perpendiculaire. Nous gravîmes, pendant l’espace d’environ soixante pieds, des degrés taillés dans le roc, et nous nous trouvâmes à l’entrée d’une nouvelle grotte, découverte en 1822 par un des hommes qui me servait en ce moment de guide.

Je ne chercherai point à rendre ce que j’éprouvai en pénétrant dans cette seconde caverne. C’est un palais que la nature a voulu décorer des formes les plus riches et les plus bizarres à la fois. Des milliers de stalactites de toutes les dimensions, depuis celle de l’aiguille la plus déliée jusqu’aux contours des piliers massifs, mais toutes d’une éblouissante blancheur, se groupent, se croisent en tous sens, réfléchissent et se renvoient l’éclat des lumières. Cette salle s’étend et s’élève à mesure qu’on avance, et à chaque pas se dévoilent de nouveaux accidens, se multiplient les colonnes, les festons, les tuyaux, les draperies d’albâtre. Sur la droite est un arceau conduisant à une petite pièce que l’on dirait destinée à offrir un échantillon des beautés de la caverne, et qu’on appelle la grotte de Ferdinand. Ici tout est délicat, frêle et en raccourci, mais aussi plus achevé et mieux fini. La voûte est beaucoup plus basse, et les parois sont garnies de plusieurs rangs de colonnes d’une extrême blancheur et de la plus grande délicatesse. Vers le centre se trouve une stalagmite imitant la forme d’un sopha, au-dessus duquel descend du dôme une espèce de baldaquin qui, se déroulant en plis élégans, a fait donner à cet endroit le nom de