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DES ARMÉES MUSULMANES AU MOYEN ÂGE.

récompenser la bravoure de quelques-uns de ses généraux, leur accorda des provinces à titre de fiefs. On vit alors des princes de Moussoul, de Maridin, constitués à la manière féodale. Malek-Schah résolut même, pour satisfaire l’ambition de quelques-uns de ses parens, de mettre à leur disposition une partie de ses troupes, et toutes les régions qu’ils subjuguèrent leur furent abandonnées, à la seule charge de rendre foi et hommage au suzerain. Telle fut l’origine de l’occupation d’Alep et de Damas par Toutousch, frère de Malek-Schah, et de l’Asie-Mineure par son neveu Soliman.

On voit que l’établissement du système féodal, qui domine encore en partie dans l’Orient, est l’ouvrage des peuples nomades de la Tartarie. Il avait déjà dominé dans une portion de l’Asie, sous les rois parthes, et même plus anciennement. Mais les guerres des Romains et les conquêtes des Arabes en avaient abrogé l’usage.

Ce même système, qui, à quelques différences près, a si long-temps régné en Europe, fut encore l’ouvrage des Germains et des autres peuples du nord de l’Europe et de l’Asie, qui se partagèrent les débris de l’empire romain. Il faut croire que la féodalité, quoique incompatible avec une civilisation bien entendue, est inhérente à l’état moral et physique de certains peuples, et que, là où les hommes sont épars et errans, il faut des chefs qui se partagent le pouvoir, qui fassent du pays où ils commandent leur propriété particulière, et qui, aux droits de souveraineté près, puissent tout trouver dans eux-mêmes.

Quoi qu’il en soit, les bénéfices militaires et les fiefs, d’abord amovibles, furent peu à peu considérés