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SAMBOANGAN.

où nous étions près d’aborder, nous vîmes partir devant nous des sangliers et des singes d’une grosseur prodigieuse. À peine avions-nous touché la terre que nous fûmes rappelés du bord. Je n’eus que le temps de cueillir quelques fruits de deux espèces de passiflores. J’avais d’autant plus de regret de ne pouvoir parcourir ces contrées, qu’elles me parurent extrêmement riches en végétaux rares. Les arbres qui bordent le rivage sont couverts de lianes de la famille des menispermées, des légumineuses, etc., qui forment une charmille que l’on serait tenté de croire taillée comme celles de nos jardins. Rien ne put nous faire présumer que cette portion de l’île Bornéo fût habitée. Sur le rivage, nous ne trouvâmes aucune trace humaine ; aucune embarcation ne s’offrit à nous sur toute l’étendue de la côte.

Nous n’étions dans ces parages qu’à deux degrés de la ligne, aussi y éprouvâmes-nous des chaleurs excessives, qui, jointes aux calmes de la mer, nous fatiguèrent beaucoup. Quelques petites brises qui soufflaient par intervalle nous poussèrent jusque dans le détroit de Macassar, dont nous eûmes de la peine à nous dégager, les calmes y étant continuels. Les vents n’y règnent que par grains.

Depuis Java, notre navigation était souvent contrariée par les calmes ou par les vents ; sous ce rapport elle fut assez ennuyeuse, mais en revanche elle eut un agrément par la quantité de nouvelles terres que nous découvrions chaque jour, surtout depuis que nous étions dans les îles de la Sonde.

Les 14 et 15 novembre, nous aperçûmes l’île de Mindanao, où l’intention du commandant était de faire de l’eau ; mais de nouveaux calmes nous empêchèrent d’y arriver aussitôt que nous le désirions. Le 18, les bâ-