Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


-


1482


Séparateur



ΑΝΑΓΚΗ. Voilà quel devrait être le véritable titre de Notre-Dame de Paris[1].

Destin, fatalité ; oui, ce serait bien cela.

Car quelle autre combinaison de lettres que celle du mot fatalité expliquera l’éternel pourquoi ?

Pourquoi ce malheur à moi plutôt qu’à un autre ? Qu’ai-je fait pour cela ? Qui m’a mérité d’être choisi pour souffrir ? Quels sont mes crimes envers les hommes, et mes outrages envers Dieu ?… Aucun.

Mais il fallait un contre-poids à un événement heureux, un malheur particulier pour concourir au bonheur général : bonheur et malheur se balancent dans ce monde, et pourvu que le total soit juste, qu’importe à Dieu sur qui sont tombés ces deux mots qu’il a jetés négligemment sur le monde : Bonheur, malheur ? L’homme n’est qu’un chiffre ; la manière dont il est placé dans l’addition sociale augmente ou diminue sa valeur. Voilà tout. Et qui le place ? la fatalité.

Ce mot a été créé pour épargner des millions de blasphèmes.

Revenons à Notre-Dame de Paris.

Nous ne parlerons pas du plan de l’ouvrage : il est, comme son titre, gigantesque.

C’est l’histoire d’une population tout entière, depuis le roi jusqu’au truand : aucun des échelons intervallaires n’est vide.

C’est, en deux volumes, une science que l’existence de

  1. 2 vol. in-8o, chez Gosselin, rue Saint-Germain-des-Prés, no 9.