Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
321
TERRE-NEUVE.

dans le voisinage du cap Ray, est la meilleure, et ils y sont rarement gênés par les glaces, tandis que la petite partie des pêcheries anglaises, étant plus au nord-est, est encore obstruée de glaces, souvent même au commencement de mai. Elles empêchent les bâtimens d’entrer dans les ports, et le poisson ne se prend que lorsqu’elles se sont éloignées des côtes. »

Terre-Neuve changea souvent de maîtres. Après l’avénement de la reine Anne au trône d’Angleterre, la guerre fut déclarée contre la France, en 1702. Une escadre commandée par le capitaine Leake arriva au mois d’août à Terre-Neuve, détruisit les établissemens français, prit l’île de Saint-Pierre, et rasa un petit fort armé de six canons ; vingt-neuf bâtimens tombèrent entre ses mains, et deux furent brûlés.

En 1708, Saint-Ovide, commandant français à Plaisance, prit et détruisit complètement à son tour la ville de Saint-Jean, et jusqu’au traité d’Utrecht, en 1713, la France posséda paisiblement cette île. Ce traité la remit entre les mains des Anglais. Il était pourtant permis aux Français de pêcher et de sécher leur poisson à terre dans la partie qui s’étend du cap de Bonavista jusqu’à la pointe nord de l’île, et au-delà en descendant le long de la côte ouest, jusqu’à la Pointe riche ; mais il leur était défendu de fortifier aucun point, ou d’y bâtir des maisons, excepté les cabanes et les échafauds nécessaires à la pêche. Ils n’avaient pas non plus le droit d’y séjourner, passé le temps nécessaire pour sécher le poisson.