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TERRE-NEUVE.

soit dans un traîneau tiré par des chiens…

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Vers le 1er août arrivèrent les courlieus. Le courlieu est un oiseau gros comme une bécasse ; son bec est un peu plus long et recourbé, et son ventre tire sur le rose ; son plumage est brun et noir : il vient, dit-on, d’Afrique. Pour moi, je sais que ces oiseaux venaient du nord. Ainsi on les voit d’abord au Quirpon, dernier port au nord de l’île : ils s’y arrêtent quelques jours et descendent au sud. Vers le commencement d’août, ils arrivent par petites compagnies, mais le 15 ou le 20 c’est par volées de quatre ou cinq mille. C’est un spectacle des plus curieux que de les voir s’aligner, et faire leurs évolutions aériennes ; s’allonger en triangle, se courber en demi-cercle, s’abattre spontanément tous ensemble, et se relever tout à coup aussi rapides que le vent. Ils se nourrissent d’une petite graine noire, dont le goût ressemble assez à celui du raisin, et que l’on nomme graine à courlieu ; elle leur donne un parfum délicieux, et c’est un manger exquis ; ils s’en enivrent, et pour se remettre, et activer, dit-on, leur digestion, ils viennent sur le bord de la mer se frotter le bec sur le sable, où il est très-facile de les prendre. On a vu de petits mousses en tuer jusqu’à cent avec un bâton. Ils ne s’envolent pas, et les coups de fusil ne les effraient nullement.

Pendant que le commandant expédiait au Quirpon un lieutenant avec la chaloupe pour aller inspecter