Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
155
LE BRÉSIL.

des connaissances bien générales ; néanmoins ils occuperont long-temps un des premiers rangs dans la bibliographie des ouvrages relatifs au Brésil.

Mais Pison et Barlœus, ainsi que Roulox Baro, J. Moreau (1651), Brito-Freyre (1657), leurs contemporains, et plus tard Rocha Pitta (1730), connaissaient encore bien peu de l’intérieur, et les notions qu’ils en donnaient étaient bien vagues ; aussi tout le xviiie siècle resta-t-il dans une ignorance profonde à ce sujet, car pendant plus de cent ans, aucun ouvrage remarquable ne fut publié sur le Brésil. Parlerons-nous en effet du livre de Duguay-Trouin, qui n’est que le récit d’une expédition militaire, audacieuse comme son chef ? Dirons-nous un mot de ces lettres où Parny décrit Rio de Janeiro en style de boudoir. Enfin, le grave Staunton arriva au Brésil à la suite de l’expédition de lord Macartney, et il donna du moins à l’Europe quelques notions raisonables sur ce beau pays (1797). Barrow, plus tard, l’imita, et son habile traducteur, Malte-Brun, ajouta son immense érudition aux notions imparfaites que le voyageur avait recueillies (1807). Cependant l’intérieur du Brésil avait vu se développer une laborieuse population, des cités florissantes s’y étaient élevées, et, chose incroyable ! l’intérieur était moins connu à l’Europe que les villes de l’Inde ou de la Chine, sur lesquelles les missionnaires donnaient du moins, de temps à autre, quelques renseignemens. L’ignorance était si complète dans tout ce qui avait rapport à cette immense partie du Nouveau-Monde, que les géographes oubliaient quelquefois de parler de la province du Mato-Grosso, et le Mato-Grosso est plus vaste que la Germanie tout entière[1] !

  1. À partir de 1783, un savant qu’on peut appeler le Humboldt brésilien,