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VOYAGES.

une branche de l’histoire naturelle pour laquelle il s’était senti, dès sa plus tendre enfance, une sorte de passion, ce n’était point dans les villes, c’était dans les campagnes solitaires de l’intérieur que le voyageur pouvait la satisfaire. Aussi ne fit-il qu’un bien court séjour à Rio de Janeiro, et s’enfonça-t-il presque aussitôt après son arrivée au sein de ces bois vierges qui existent encore dans la province, et dont il fait connaître le caractère varié. À l’aspect de ces forêts imposantes qu’il décrit en habile naturaliste, il arriva à M. de Saint-Hilaire ce qui arrive à presque tous ceux qui les parcourent pour la première fois, sous ce beau ciel des tropiques, au milieu de cette magnificence de la végétation qui n’a point d’égale en Europe, et que l’enthousiasme du poète ne saura jamais peindre, le voyageur qui venait de quitter le bord de la mer, cherchait déjà quelques fleurs qui lui rappelassent celles de la France ; il venait d’en trouver une, c’était un erinus, semblable à la primevère à grande corolle, et son aspect lui fit éprouver une vive émotion :

« Des plantes que l’on puisse rapporter aux genres de la Flore française sont fort rares sous les tropiques, et je n’en recueillis jamais dans le cours de mes voyages sans éprouver quelque attendrissement. Cet erinus me rappela, avec celui des Alpes, les riantes campagnes où j’avais vu ce dernier pour la première fois, et les doux souvenirs de la patrie vinrent se mêler au recueillement dans lequel m’avaient plongé les forêts sombres et majestueuses que je traversais alors. »

Après avoir parcouru les environs si pittoresques de Rio de Janeiro, Aguassù, Bemfica, la vallée Das Pedras, la montagne de la Veuve (Serra da Viuva) et Pao Grande, une des sucreries les plus considérables du Brésil, qu’il