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LE BRÉSIL.

mêmes calculs, dans un espace de quarante-quatre ans, la population de la province des Mines aurait presque doublé.

Notre voyageur, arrivé au Registro, où se pèsent toutes les marchandises sèches qui entrent aux Mines, fait sentir toute l’absurdité du système qui faisait payer sur le fer et sur le sel des droits infiniment plus élevés que sur la bijouterie, les rubans et la dentelle ; système dû au régime colonial, et qui se maintint encore après l’émancipation. Après qu’il a dépassé le Registro, on aime à le voir décrire, tantôt ces graminées gigantesques, le taboca ou tabioca, qui s’élèvent jusqu’à soixante pieds ; tantôt un solanum, qui, loin d’être un simple arbrisseau, acquiert jusqu’à quarante pieds. Toutefois cette partie du livre n’est pas la plus neuve quant aux détails de mœurs. Enfin l’auteur arrive à ces délicieux campos, où change tout à coup la végétation. Là, d’immenses pâturages remplacent les forêts qu’on vient de traverser : le campo, néanmoins, n’est point une vaste plaine, et M. de Saint-Hilaire le compare à ces pacages que l’on rencontre dans plusieurs de nos hautes montagnes d’Europe : celui, par exemple, du Mont-d’Or en Auvergne, lorsque, après avoir passé le pic de Sancy, on arrive à Vassivière. Jusque-là les campagnes ont été riantes ; mais après avoir passé Capào, le paysage prend un air de tristesse qu’il conserve jusqu’à Villa-Rica : la verdure est remplacée par des monceaux de cailloux ; on est dans le voisinage de la capitale des Mines. Pour donner une idée de la décadence de cette ville, dont le nom atteste l’ancienne opulence, nous dirons que sa population, qui s’est élevée autrefois jusqu’à vingt mille âmes, est réduite aujourd’hui à environ huit mille.

Villa-Rica, construite sans aucune espèce de régula-