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LE BRÉSIL.

nous-même aux environs de San-Salvador, un curé faisant danser ses paroissiens au son de la guitare, sans que personne en fût scandalisé. M. de Saint-Hilaire, en provoquant des réformes importantes, veut qu’elles soient faites avec une extrême prudence : « aucun peuple, selon lui, n’a plus de penchant que les Mineiros à devenir religieux, et même à l’être sans fanatisme. Tout à la fois spirituels et réfléchis, ils sont naturellement portés aux pensées graves ; leur vie peu occupée favorise encore cette propension, et leur caractère aimant les dispose à une piété douce. En général, les Mineiros ont été doués heureusement par la Providence : qu’on leur donne de bonnes institutions, et l’on pourra tout attendre d’eux. »

Continuant sa route, qui devient de plus en plus intéressante, l’auteur traverse une foule de contrées où l’extraction de l’or fait négliger encore l’agriculture. Il signale les causes principales de son faible accroissement, et quelques mots suffiront pour faire comprendre les déplorables résultats que doivent forcément amener les procédés agricoles suivis jusqu’à présent. « Si j’en excepte la province de Rio-Grande-do-Sul, celle des Missions, et la province Cisplatine, on ne fait usage, dans le Brésil méridional, ni de la charrue, ni des engrais. Tout le système de l’agriculture brésilienne est fondé sur la destruction des forêts ; où il n’y a point de bois, il n’y a point de culture… » Combien de fois n’avons-nous pas entendu dire nous-même, comme l’auteur, Hè huma terra acabada, c’est une terre épuisée ; et le champ dont parlait ainsi l’agriculteur n’avait donné que huit à dix récoltes. M. de Saint-Hilaire est, je crois, le premier qui ait signalé un des fléaux les plus actifs de l’agriculture brésilienne, et qui ne s’est cependant