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VOYAGES.

une graisse très-fine et très-délicate d’un gros ver blanc (bicho de Taquara), et ils en accommodent leurs alimens. « Ce n’est pas tout, les Indiens emploient encore le bicho de Taquara à un usage fort différent. Lorsque l’amour leur cause des insomnies, ils avalent un de ces vers que l’on a fait sécher sans en ôter le tube intestinal, et alors ils tombent dans une espèce de sommeil extatique qui dure plusieurs jours. Celui qui a mangé un ver desséché du bambou raconte en se réveillant des contes merveilleux ; il a vu des forêts brillantes, il a goûté des fruits exquis ; mais avant de manger le bicho de Taquara, on a grand soin d’en ôter la tête, que l’on regarde comme un poison dangereux. » Nous pourrions ajouter, peut-être parce qu’elle produit à un degré plus énergique les effets qui résultent du reste du ver. M. Aug. de Saint-Hilaire attribue uniquement la propriété narcotique du bicho de Taquara au tube intestinal. M. Latreille, auquel il a soumis la description de cet animal merveilleux, l’a reconnu pour une chenille, qui probablement appartient au genre cossus ou au genre hépiale.

À Passanha, au milieu d’un pays à peine cultivé, M. de Saint-Hilaire fait sur les Indiens des observations qui attachent vivement. Il y rencontra un Copoxo et un Panhame, auxquels il ne trouva aucun des traits de la race indienne. Malheureusement, comme il le dit lui-même, ce dernier individu, qui ressemblait à un paysan français, était isolé, et ne pouvait servir à constituer une exception extrêmement remarquable.

Nous avons des raisons pour croire que, trompés par quelques traits généraux souvent dus au climat, les premiers voyageurs se sont trop hâtés de trouver