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VOYAGES.

qualités qu’on remarque chez les Sertanejos, et qui s’éteignent souvent parce qu’elles n’ont jamais été cultivées.

En se dirigeant vers le Rio-de-San-Francisco, M. de Saint-Hilaire eut occasion de constater un fait curieux : c’est qu’aucune des abeilles de la province des Mines n’a d’aiguillon, et qu’elles se contentent de mordre quand elles se défendent. Le miel que fournissent les nombreuses espèces d’abeilles qu’on rencontre au Brésil est très-limpide et exempt de cet arrière-goût désagréable qu’a celui d’Europe ; cependant MM. Spix et Martius engagent à se défier de plusieurs espèces de miels trouvés dans les forêts : quelques-uns d’entre eux, tel que celui de l’abeille munbubinda, sont un véritable poison. La cire des abeilles du Brésil est noirâtre, et à l’exception de quelques essais heureux faits dans le Goyaz, on a essayé vainement jusqu’à présent de la blanchir.

Toujours accompagné de son domestique et de l’Indien qu’il voulait emmener en France, M. de Saint-Hilaire se dirigeait vers le San-Francisco ; mais l’uniformité de la campagne, l’absence d’eau, le manque de nourriture pour les bêtes de somme, l’ardeur du soleil qui dévore ces solitudes, tout contribuait à jeter les voyageurs dans un accablement douloureux, que venaient accroître les souvenirs d’une autre contrée, et que ne peuvent comprendre que ceux qui l’ont éprouvé. Enfin, après avoir visité les bords imposans du San-Francisco, qui offrent des paysages si variés ; après avoir contemplé un de ces lacs que le grand fleuve forme dans ses débordemens, et dont le rivage, couvert de mimosas à fleurs odorantes, sert d’asile à des milliers d’oiseaux, parmi lesquels la spatule étale ses ailes d’un