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VARIÉTÉS.

tions tout-à-fait du même œil que la chambre élective, et puis une chambre élective et une royauté qui ne puissent être en dissentiment sur rien. C’est vouloir que ces trois pouvoirs n’en soient qu’un seul : alors à quoi bon trois pouvoirs ? C’est dommage qu’ils ne soient pas homogènes ? Vraiment je le crois bien. Mais c’est dommage que la société ne soit pas homogène, qu’il s’y trouve des intérêts divers, des opinions diverses. Prenons-là donc telle qu’elle est.

J’y vois d’une part le besoin et l’impatience du mieux, de l’autre la crainte de l’innovation, crainte ou intéressée ou réfléchie, il n’importe ; en troisième lieu, la nécessité de cheminer. Là est la tendance de l’humanité vers le progrès ; puis l’expérience qui le retarde pour ne pas le compromettre ; enfin l’action qui l’accomplit. Cela représente assez bien l’avenir, le passé et le présent. La chambre élective paraît plus spécialement destinée à tendre au progrès ; la mission de la royauté est de l’accomplir le plus sûrement qu’il se peut pour le bien du pays, auquel elle est intimement liée ; reste à la pairie, ou, pour mieux dire, au sénat, aux anciens, à montrer les obstacles, à donner les conseils de la prudence.

Ainsi je conçois rationnellement les attributions et l’essence des trois pouvoirs. De la sorte, le mécanisme gouvernemental, fondé sur la nature des choses, n’est plus une vague théorie construite par imitation, et dont on cherche le pourquoi.

Pour que la pairie soit utile, spéciale, rationnelle, il faut qu’elle représente la science politique du pays ; elle doit être l’organe de l’expérience législative.

Entre l’impatience du pays pour les réformes, et la résistance de l’aristocratie sénatoriale, la royauté prendra un moyen terme pour les concilier et pour agir en conséquence. J’avoue que je ne vois pas d’autre mode d’obtenir cette pondération des trois pouvoirs dont beaucoup de gens parlent sans s’en rendre raison.

Les esprits à opinions absolues se moquent du milieu : c’est tout naturel ; les esprits positifs, qui se renferment dans les