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VARIÉTÉS.

tout entier dans les mains de la royauté, et incapable d’une direction soutenue.

La pairie est tout en Angleterre ; en France, elle n’a été presque rien. Puisqu’elle existe dans notre Charte, tâchons donc qu’elle soit quelque chose ; car il ne faut pas qu’elle ne soit rien, ni tout.

En Angleterre, la pairie n’a pas été faite par la constitution, comme le sera la nôtre. Là elle est, parce qu’elle était ; elle est antérieure à la royauté de 1688, et même aux communes du xiiie siècle. Les pairs d’Angleterre sont des souverains féodaux, et ils sont plus souverains de leurs fiefs que le roi ne l’est de son royaume. Ils peuvent envoyer un fondé de pouvoir voter à leur place, comme un roi envoie un ambassadeur chez son voisin. Pourquoi les membres des communes n’en peuvent-ils faire autant ? c’est, dit-on, que les pairs représentent le territoire, et que les députés ne sont que les délégués des habitans ; cette explication et d’autres plus subtiles ne m’ont jamais satisfait beaucoup. La pairie anglaise est une chose de fait, voilà tout ; mais ce n’est point une chose de droit, une chose rationnelle. Il ne nous faut donc rien qui ressemble à la pairie anglaise, et cela pour beaucoup de raisons.

DE L’HÉRÉDITÉ DE LA PAIRIE.

Je cherche comment on peut constituer utilement, et avec les élémens que nous offre notre ordre social, cette portion du corps législatif, qui doit représenter la science politique, l’expérience législative. Je me hâte d’arriver à la question fondamentale de l’hérédité ; et, d’abord, je présente sans détour les argumens dont on peut l’appuyer.

En faveur de l’hérédité, on peut alléguer l’histoire, qui nous montre toujours la stabilité dans l’aristocratie. Toutes les aristocraties héréditaires sont vivaces ; toutes ont de la durée : voyez Rome, Venise, l’Angleterre, etc.

Contre l’hérédité, on peut alléguer aussi précisément cette