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VOYAGES.

vais récoltées chemin faisant. Je renvoyai au lendemain le soin de mettre en terre les végétaux vivans, fruit de cette longue exploration. Ils étaient presque tous d’espèces inconnues, et plusieurs de la plus grande rareté dans les colonies françaises. Lorsque j’eus terminé ces opérations, je retournai à Cavite, où était mouillée la division. Je courus de suite à bord du Rhône pour y visiter les plantes que j’y avais recommandées. Quelles furent ma surprise et ma douleur en retrouvant les caisses que j’avais laissées en bon ordre, étendues sur des tasseaux, avant mon départ, maintenant séparées sur le pont, mises à plat, et baignant dans l’eau salée chaque fois qu’on lavait les gaillards ! Les plantes traitées de la sorte étaient dans l’état le plus souffrant, et dans un dépérissement total. Quelques-unes avaient déjà succombé, toutes auraient eu infailliblement le même sort, si je fusse arrivé quelques jours plus tard.

J’avais cru pouvoir placer ma confiance dans la personne qui m’avait été désignée pour donner à mes précieuses collections les soins assidus qu’elles réclamaient, et je me vis cruellement abusé. Ce n’était peut-être pas autant la faute de celui qui devait s’en occuper, que celle de ses supérieurs, car chaque fois qu’il voulait se livrer à ce soin, on l’en empêchait en lui donnant ordre de faire d’autres travaux moins pressés, et surtout bien moins importans.

À bord de la Durance, mes malheureux végétaux étaient dans un état pire encore qu’à bord du Rhône. Presque toutes les plantes de Java et de Samboangan y étaient mortes. Je pris alors le parti de faire descendre à terre les caisses contenant les plantes les plus précieuses et les plus délicates. Je les établis dans un jardin avec toutes celles que je récoltai