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MANILLE.

dans le pays, en attendant le départ de la division.

Je fis confectionner plusieurs grandes caisses destinées à recevoir le fruit de mes explorations à Manille. Il n’y avait à Cavite que du sable et aucune espèce de terre propre à remplir ces caisses. Il fallut en aller chercher à deux lieues de là, c’est-à-dire à Téralta. Cette opération, que je fus obligé de diriger moi-même, me fit perdre beaucoup de temps. Lorsqu’elle fut terminée, je plaçai dans ces caisses les plantes que je possédais, et les remis toutes dans un parfait état de reprise ; après quoi je m’embarquai pour Manille, ville capitale des îles Philippines, située à trois lieues de Cavite. Je fis cette courte traversée sur un grand bateau appelé dans le pays tasco. Ces embarcations ont de chaque côté de grands balanciers en bambous qui dépassent la coque de huit à dix pieds. Ces balanciers maintiennent l’équilibre de l’embarcation, et servent à amarrer les cordages des voilures, mais nuisent singulièrement à la vitesse du bateau.

Un Français au service d’Espagne, M. Solier, fut le premier habitant de Manille avec lequel j’eus des relations amicales. Il me donna ou me procura tous les renseignemens que je désirais sur la manière dont je pourrais m’y prendre pour explorer le beau pays des environs. Il me conduisit chez un des plus riches propriétaires de Manille, M. Tuason, indigène qui parlait passablement français. La fortune de cet habitant est immense. Il commande à des peuplades entières d’Indiens, et possède des propriétés dans presque tous les quartiers de l’île. C’était pour moi une précieuse connaissance. On verra combien je lui eus d’obligations pendant mon séjour à Manille.

Il commença par solliciter en ma faveur, auprès du