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MANILLE.

presque fermé par les grandes masses de stalactites, qui, descendant perpendiculairement de la voûte à terre, formaient de superbes colonnes transparentes et plus ou moins élégantes par la variété de leurs formes. Chaque jour, la filtration des eaux augmente le volume de ces stalactites. La voûte, qui était extrêmement élevée en certains endroits, était si basse dans d’autres, que j’étais souvent obligé de me coucher sur le ventre pour pouvoir passer. Fort heureusement ces affaissemens étaient toujours forts courts ; dès que je les avais franchis, je retrouvais une voûte aussi élevée qu’à l’entrée. Des deux côtés du souterrain, je trouvai des noms et des inscriptions. Le mot Leoncia se présenta souvent à mes yeux. En avançant dans la caverne, nous rencontrâmes une si grande quantité de chauve-souris, que parfois elles nous empêchaient de nous entendre par leurs cris aigus et le bourdonnement de leurs ailes. À la clarté de nos flambeaux, on les voyait se détacher de la voûte et fuir devant nous.

Plus loin, nous rencontrâmes des nappes d’eau considérables et une mare bourbeuse que nous eûmes beaucoup de peine à franchir. Le sommet de la voûte et ses côtés étaient, en plusieurs endroits, tapissés de lames minces de stalactites d’une blancheur éblouissante, au travers desquelles filtraient lentement divers filets d’eau. Sur le sol, j’observai des couches plus ou moins épaisses de terre noire semblable à du charbon de terre (schiste marneux, talc), mélangées alternativement de couches de terre blanche imitant la chaux vive. Entre ces divers lits, il s’en trouvait de pierre peu dure, puisque je pouvais la briser avec les mains.

Arrivés à peu près à moitié du chemin que nous devions parcourir, nous trouvâmes une chute d’eau qui,