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MANILLE.

la profondeur d’un vallon, où je marchais tenant d’une main la bride de mon cheval, et de l’autre une bougie allumée, pour éviter de tomber dans les précipices affreux dont la route était bordée. Cette plante fait partie de mon herbier. Je la conserve soigneusement, et la reconnaîtrai toujours aux gouttes de cire dont elle fut couverte par ma bougie quand je la récoltai.

Le lendemain, je pris avec moi les deux hommes les moins fatigués de ma suite, pour aller visiter les lieux que nous avions parcourus la nuit précédente. Avec quel ravissement je contemplai ces belles forêts de Bosoboso, formées d’arbres majestueux et des plus rares ! Je ne pouvais revenir de la grosseur et de la belle venue de leurs troncs. Des bois entiers de caryota urens et de caryota mitis s’offraient à ma vue, et chaque arbre était couvert de nombreux régimes de fruits qui en faisaient le plus riche ornement. Les rotins y croissaient dans leur plus grande élévation ; quelques-uns avaient, par leur beau feuillage et leur tige articulée, l’aspect de palmiers d’un autre genre. Je remarquai aussi quelques espèces de pandanus, dont une à feuilles étroites assez rares, et diverses espèces de bambous dont les feuilles étaient plus larges que celles que j’avais vues jusque-là. Leur tige était très-unie et les nœuds situés à une très-grande distance les uns des autres. L’intérieur de ce bambou, qui est très-creux, le fait beaucoup rechercher par les Indiens, qui s’en servent comme de cruches et de seaux pour porter de l’eau[1]. Je rencontrai une infinité d’autres plantes qui, pour la plupart, m’étaient inconnues, et dont je me procurai de jeunes plants.

  1. Les jeunes pousses de ces bambous sont mangées en guise d’asperges, à Manille comme à Java.