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VOYAGES.

du museau, dont il laisse à peine sortir l’extrémité qu’il tient immobile. Il se place ainsi sous cet élément dès les neuf heures du matin, et n’en ressort que vers les quatre heures du soir, lorsque la chaleur a perdu son intensité.

Je remarquai avec plaisir, dans les villages de San-Matheo et de Mariquina, une extrême propreté. Toutes les maisons sont entourées de palissades élégantes en branches d’arbres. Ces palissades sont bordées d’arectiers (areca-catechu), palmier qui, à l’époque de la fructification et de la maturité des fruits, offre un coup-d’œil des plus agréables. J’observai, dans le voisinage de presque toutes les maisons, des jujubiers dont le fruit égalait en grosseur une prune de reine-claude, quelques orangers, des citronniers, des caramboliers, des sapotilliers, des tamarins, des manguiers, et surtout des bananiers de plusieurs variétés. Le bétel y est aussi cultivé avec soin.

M. Tuason me retint chez lui deux ou trois jours pour me faire assister à une fête qu’il se proposait de donner, après quoi je fis embarquer toutes mes collections pour Manille, afin de les faire transporter à Cavite, où la division était toujours mouillée. Je me rendis ensuite à Téralta, chez M. Chapar, où, comme je l’ai dit, j’avais laissé des collections en dépôt, et de là à Manille, où j’espérais continuer mes explorations. J’appris, à mon arrivée dans cette ville, que le gouverneur m’avait fait demander plusieurs fois, et qu’il m’invitait à aller le voir aussitôt que je serais de retour. J’y allai sur-le-champ. C’était pour me prier de faire connaître aux habitans le lieu sur lequel j’avais découvert la vanille ; que je rendrais par là le plus grand service à la colonie. Il désigna M. Tuason pour m’accompagner dans ce nouveau voyage.