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VOYAGES.

ques provisions de bouche, le prix des comestibles de tout genre étant extrêmement modique dans cette partie de l’Archipel asiatique. Ce petit coquillage est encore la monnaie favorite des enfans : on les voit du matin au soir sur les places publiques jouer avec acharnement au cypræa.

Après avoir parcouru pendant trois jours les jardins de Manille et ceux de ses environs, je fus invité à me rendre incessamment à bord, attendu que la division ne devait pas tarder à partir. J’y restai consigné comme les autres, pendant près de trois semaines, sans pouvoir mettre pied à terre. Ce long retard et cette inaction ne purent que me donner de bien vifs regrets de n’avoir pas entrepris mon voyage au lac de la Lagouna, que j’aurais eu tout le temps de terminer, et qui, je pense, m’eût offert des résultats intéressans.

J’essaierai, pour mettre le lecteur à même d’apprécier à sa juste valeur cette consignation générale à bord des deux bâtimens de l’expédition, de lui faire connaître d’une manière succincte quel était le but principal de notre voyage, et surtout celui du séjour prolongé de la division dans la baie de Manille.

Les deux gabarres le Rhône et la Durance furent désignées en 1818 par le ministre de la marine et des colonies, pour aller chercher des Chinois instruits dans les cultures exotiques, soit sur les côtes continentales du grand empire chinois, soit dans les îles de l’Archipel asiatique où il devait s’en trouver prodigieusement, et les transporter de là à Cayenne pour y répandre ce genre d’industrie et coloniser insensiblement ce vaste continent de nos possessions américaines. Ces hommes, disait-on, devaient remplacer les nègres dont la traite venait d’être abolie.