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LA NOUVELLE-ÉCOSSE.

sans hésiter vous faire connaître la volonté de Sa Majesté.

» Vos terres, maisons, troupeaux de toute espèce, appartiennent, à partir de ce jour, à la couronne, ainsi que tous vos autres effets, excepté votre argent et vos meubles. Vous êtes obligés de quitter la Nouvelle-Écosse. Tous les habitans de ce district doivent donc se préparer à un prompt départ. Mais je suis heureux de pouvoir leur assurer qu’il leur sera permis d’emporter avec eux leur argent et leurs meubles, autant que cela n’embarrassera pas les bâtimens chargés de les transporter. Je dois vous informer aussi que le bon plaisir de Sa Majesté est que vous restiez sous la surveillance des troupes que j’ai l’honneur de commander. Vous êtes donc considérés dès ce moment comme prisonniers du roi. »

Il y avait à peu près à Grand-Pré douze cents hommes et sept cents femmes, et leurs fils et filles faisaient à peu près quatre mille âmes. Leurs troupeaux étaient de deux mille bœufs, trois mille vaches, cinq mille veaux, six cents chevaux, douze mille moutons et huit cents cochons.

Après cette décision, plusieurs de ces malheureux s’enfuirent dans les bois. On eut recours à tous les moyens possibles pour les faire revenir. On les menaça d’abord de brûler leurs maisons, menaces qui ne tardèrent pas à recevoir leur exécution. Dans le district de Minas seulement, quatre cents maisons et cinq cents étables furent réduites en cendres, ainsi qu’une église et les moulins. Mais la terreur qui entourait ceux qui parvenaient à s’échapper était telle, que sur quarante jeunes gens qui avaient pu déserter, vingt-cinq préférèrent revenir d’eux-mêmes ; mais ils arrivèrent pour