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FORMULE GÉNÉRALE DE L’HISTOIRE.

Aussi, lorsqu’une nation, par suite du développement rapide d’un principe nouvellement éclos dans son sein, atteint tout à coup aux dernières limites, aux conséquences extrêmes de ce principe, elle a épuisé ses forces pour arriver là, il ne lui en reste plus pour s’y maintenir ; elle revient sur ses pas, et après quelques années d’oscillation, finit par s’arrêter dans une forme mixte, dans des institutions formant une sorte de compromis entre son point de départ et celui qu’elle a touché un moment. C’est ainsi que la liberté religieuse dans sa route vers une émancipation complète, vers des religions, ou pour mieux dire, des opinions qui s’appuieraient seulement sur l’assentiment de la conscience individuelle, s’est arrêtée aux confessions des sectes réformées ; ainsi, encore, la France, depuis quinze ans, fait une halte dans la monarchie représentative, comme à moitié chemin entre la monarchie pure et la république. Puisse-t-elle, d’ailleurs, y reprendre longuement haleine !

Mais, comme il est facile de le concevoir, cette pensée d’avenir n’éclate pas simultanément chez tous les individus, et tous n’en admettent pas immédiatement toutes les conséquences. Pendant qu’un petit nombre la comprend, y a foi, et se résout néanmoins à n’en cueillir que les fruits déjà mûris par le temps, d’autres la repoussent, et pour la fuir se réfugient en imagination dans un passé où ils ne croient jamais remonter assez haut pour le trouver purifié des modifications successives par lesquelles il s’est fait le présent. D’autres encore, par un sentiment opposé, se précipitent vers l’avenir le plus éloigné qu’ils puissent rêver, et il arrive alors qu’en même temps que les partis se jettent dans l’arène des intérêts positifs, pour s’y disputer