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FORMULE GÉNÉRALE DE L’HISTOIRE.

Et comme cette question de l’origine des sociétés est, au fond, la même que celle de l’origine du langage,

Les uns croyaient aussi à l’origine divine du langage, à une langue primitive révélée à l’homme, qu’il aurait parlée en s’éveillant au monde ;

Tandis que les autres ne voyaient autre chose, dans les langues, que le résultat des efforts de l’homme, qu’ils croyaient avoir été suffisans à les tirer savantes et harmonieuses de la simple interjection.

Ils devaient donc différer, et ils différaient effectivement sur le rôle du langage, dans le développement de l’intelligence humaine.

Les uns croyaient que le langage avait dû précéder la pensée, parce qu’il lui était nécessaire ; les autres qu’il était né de cette pensée.

Et, en définitive, c’est à cette question de la nécessité du langage pour la pensée que venaient se rattacher les deux séries d’opinions opposées que nous venons de parcourir.

Mais les deux solutions opposées qu’elles en donnaient ne pourraient-elles donc pas se trouver toutes deux également vraies ?

C’est-à-dire, serait-il impossible que les hommes se divisassent en deux classes : l’une qui penserait par la parole, l’autre chez qui la pensée ayant précédé la parole, aurait fait cette parole pour se manifester.?

En effet, si l’une de ces opinions est décidément fausse, absurde, comment se fait-il que toutes deux paraissent s’appuyer sur des raisonnemens et des autorités qui se balancent ?

Mais d’un autre côté, si toutes deux sont également vraies, si les hommes se divisent bien réellement dans les deux classes que je viens de dire, ce n’est plus seu-