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FORMULE GÉNÉRALE DE L’HISTOIRE.

qui tend à se dégrader, toujours il leur échappe par quelques-uns de ses beaux côtés, toujours il ne tarde pas à leur donner d’éclatans démentis.

Mais qu’était-il avant de paraître sur cette terre ? Préexistait-il à son apparition dans l’humanité ? Sous quelle forme et de quelle façon ?

Cette vie passagère, qui peut-être n’est qu’un point dans la continuité de nos destinées, est-elle un châtiment ou bien une récompense ? une déchéance ou bien une conquête ?

Au bout de notre route terrestre, arrosée de nos sueurs et de notre sang, Dieu nous délivrera-t-il pour toujours de ces voiles pesans de l’espace et du temps, sous lesquels nous courbons maintenant nos têtes ? Verrons-nous alors face à face, et Dieu, et l’infini, et l’éternité ? Ou bien seulement, un peu moins accablés sous un tissu plus léger, sommes-nous destinés à camper encore sur quelqu’autre globe, dans les étroites limites du fini ?

Que sommes-nous enfin ? Sommes-nous bien réellement des individus ? Avons-nous une âme, une conscience ? ou ne sommes-nous que des parties d’un tout, et serait-ce seulement une étincelle d’une âme universelle qui brille en nous ?

Ces redoutables mystères, auxquels nous touchons par notre cercueil et par notre berceau, il n’est aucun de nous qui ne les agite souvent dans son sein, qui ne les ait sondés d’une téméraire pensée, tantôt avec espérance, tantôt avec angoisse.

En effet, là seulement est le mot de notre existence terrestre.

C’est pour cela que M. Ballanche, dans ses Essais de Palingénésie sociale, ouvrage dont je vais mainte-