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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

tant comme lui de l’hypothèse d’une révélation primitive, il est peut-être possible de lire les grandes lois de l’histoire dans celle de l’intelligence humaine. On voit alors le monde social tout entier sortir de la pensée même de l’homme. Essayons de jeter un coup-d’œil sur ce magnifique spectacle, en nous gardant toutefois de sortir du cercle des doctrines chrétiennes et platoniciennes, où se tient constamment M. Ballanche.

Admettons, comme il le fait sans doute, que les idées, comme l’entend Platon, préexistaient en Dieu, unies à sa substance sans lien entre elles.

Dans son activité volontaire, Dieu ayant uni les idées par le lien ineffable et mystérieux du Verbe, le monde exista alors dans l’intelligence divine comme une pensée non manifestée.

Voulant manifester cette pensée, il parla :

Par cette parole, le monde idéal devint le monde plastique ; et, pour constituer cette terre, atome dans l’infini, visible à nos faibles yeux, l’essence revêtit le temps, l’espace, la forme ; subit le mouvement, l’organisation, la vie.

Cette parole est dans le monde plastique ce que fut le Verbe dans le monde idéal, lien, support, condition des choses ; elle est pour l’univers entier ce que sont pour nous, sur ce grain de poussière et dans l’infirmité de notre intelligence, le temps, l’espace, la substance, la causalité ;

Qu’elle se taise, la substance rentre dans l’essence, et le monde plastique est réabsorbé dans le monde idéal.

Ainsi l’univers est une image rendue manifeste de la pensée divine ; chaque atome en réfléchit une partie, et par son rapport avec le tout l’exprime tout entière.

L’intelligence de l’homme fut un reflet affaibli de