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JÉRUSALEM.

mont Moria, et qu’on suppose couvrir de vastes souterrains où personne n’a pénétré. Suivant les historiens arabes, les bâtimens de la mosquée actuelle occupent tout l’emplacement du temple. Phocas, qui écrivait au xiie siècle, l’atteste également. En effet, bien que l’ancienne enceinte, telle qu’on peut l’établir d’après les passages de l’Écriture, et surtout les auteurs arabes, soit moins étendue que le parvis actuel de la mosquée, il faut calculer qu’elle devait l’être davantage en ajoutant aux deux cours des prêtres et des Israélites un espace vide que saint Jean, chargé, dit l’Écriture de mesurer le temple, ne devait pas comprendre, parce qu’il était abandonné aux gentils, quoniam datum est gentibus. L’ancien parvis, suivant les auteurs musulmans, avait mille cinq cent soixante-trois pieds de long, sur neuf cent trente de large, tandis que le nouveau a mille trois cent soixante-neuf de long sur huit cent quarante-cinq. Les quatre côtés de la mosquée sont orientés comme étaient ceux du temple ; celui de l’est, également formé par la muraille de la ville, est suspendu sur le torrent de Cédron ; celui du sud, attenant aujourd’hui au palais du gouverneur turc, est séparé également de la montagne de Sion par un ravin.

Il fallait que cet espace fût fort étendu, puisqu’il servit de forteresse, de dernier retranchement dans les deux siéges que soutint Jérusalem. On croirait, en lisant les historiens des croisades, qu’ils ont copié le récit de Flavius Joseph, lorsqu’il parle de cent mille Juifs massacrés dans l’enceinte du temple, et dont les cris retentissaient jusqu’aux montagnes voisines. Albufeda porte à soixante mille le nombre des Musulmans qui périrent dans la mosquée d’Omar. « Voulez-vous savoir, dit Godefroi de Bouillon dans une lettre