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LITTÉRATURE.
Villenas.

J’en suis.

Casterey.

C’est bien. À Salamanque, quand il s’agissait de jouer quelque tour à nos maîtres ou de se révolter, c’était ton mot. Je crois qu’en grandissant ton âme ne s’est point rétrécie, tu n’as pas perdu les bonnes habitudes. Mais qui t’amenait toi-même à Murcie ?

D. Louis de Villenas.

Ce qui m’amenait à Murcie… Attends… c’est… oui… ah ! voilà ce que c’est : mon père m’a écrit de m’y rendre pour épouser la nièce de D. Pedro d’Ayamonte.

Casterey.

Comment ?

D. Louis.

Oui ; mais j’aime mieux conspirer contre lui. D’ailleurs je ne veux pas me marier, et cependant j’aurais besoin d’une dot !… Puis, tu as toujours fait de moi tout ce que tu as voulu, et j’ai toujours eu pour caractère de me ranger avec les opprimés, dussé-je être écrasé avec eux. Je vais lui dire que je ne veux pas de sa nièce.

Casterey.

Garde-t’en bien ; tu fais un fort mauvais conspirateur ; il faut avoir l’air d’accepter pour éloigner tout soupçon ; il donne ce soir un bal pour l’arrivée de cette même nièce qu’on te destine ; nous y serons… Cela ne nous empêchera pas d’y revenir demain sans masques ni dominos, avec des poignards en guise de bouquets ; au contraire, nous aurons étudié les lieux, c’est une connaissance qui n’est pas inutile.

D. Louis.

Mais n’êtes-vous que trois pour conspirer ?

Casterey.

Oh ! nous avons des affidés dans toute Murcie ; le premier tocsin mettra mille cloches en mouvement, et mille flambeaux s’allumeront à la première torche ; nous avons des