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LA NIÈCE DU GOUVERNEUR.

Casterey.

Soit… Mais c’est un billet doux, signé Isabelle d’Ayamonte.

D. Louis.

D’elle ! oh ! mon Dieu !…

Casterey.

Veux-tu le reprendre ?

D. Louis.

Non, lis, mais sans rien altérer… Il faut achever le sacrifice jusqu’au bout.

Casterey, lisant.

« Don Louis, vous m’avez égorgée, vous avez à jamais empoisonné ma vie ; mais je sais qu’en insultant la nièce du gouverneur, vous ne croyiez pas m’atteindre ; je sais que vous m’aimez, sachez que je ne vous aime pas moins. (D. Louis tressaillit.) Mon oncle ne pouvait trouver de supplices assez affreux pour vous : mes pleurs, mes longues prières ont fait fléchir un instant sa colère ; je puis même vous promettre votre grâce, si vous rétractez au tribunal vos paroles calomnieuses, car je pense que vous-même maintenant les reconnaissez telles. Il ne me reste plus qu’à mourir si vous ne rendez promptement ce qu’on peut lui rendre d’honneur à la malheureuse

» Isabelle d’Ayamonte. »

Eh bien ! que vas-tu faire ?

D. Louis.

Je ne rétracterai pas mes paroles.

Casterey.

C’est bien, don Louis ; ta main ; tu le jures ?

D. Louis.

Oui…

Casterey.

Adieu. Je retourne dire à nos compagnons que nul ne refuse de mourir, et que je ne les trompais pas quand je leur