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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

Ces mêmes plaines sont aujourd’hui converties en maremmes insalubres comme les plages romaines d’Ardée et de Lavinie.

Là aussi la nature morte s’anime du prestige des ruines et des souvenirs. Et sans parler de cette Pestum, ville phénicienne, dont les temples sont le monument le plus pur et le plus gracieux de l’Italie, c’est dans le cœur du Cilento qu’était Vélia, chantée par Horace et aimée de Cicéron. Des murailles en ruines, des marbres brisés, des colonnes couchées sous l’ellébore et les lentisques, attestent tristement son existence dans une solitude battue par la mer et peuplée par les palombes.

Plus loin est ce port de Palinure, illustré par Virgile, où l’on montre encore le sépulcre du pilote d’Énée ; à quelque distance, au pied de la Molpa, montagne verte et riante, on découvre les vestiges d’une ville mystérieuse qui éveille la curiosité de l’antiquaire et la superstition du pâtre.

Mais ces lieux poétiques sont bien changés. Des villages hideux de saleté ont remplacé les cités grecques. Une population souffrante et décimée par la misère, entassée dans de chétives masures, y végète, étrangère à tout, et sans ressources comme sans besoins d’intelligence.

J’y ai trouvé cependant des vertus antiques. J’ai été de sa part l’objet d’une hospitalité qui n’était pas sans courage et sans péril, sous l’œil d’une police sombre et jalouse.

C’est là que s’était réfugiée l’insurrection. Il faut le dire, vague, partielle, mal conduite et trahie, elle portait tous les caractères d’un mouvement de police. Il y a même tout lieu de croire (et c’est l’opinion générale) qu’elle fut provoquée par le gouvernement lui-même,