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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

rent donc dans la salle du festin, et se livrèrent sans défiance à la joie commune.

Tout à coup une grande rumeur se fait entendre, et les gendarmes se précipitent dans la salle pour s’emparer des Capozzoli. Les trois frères résistent, et le combat s’engage. Le sous-intendant du Vallo, prévenu par le perfide ami, était venu en personne au rendez-vous avec une force armée considérable.

Les Capozzoli se défendent avec intrépidité, et disputent le terrain pouce à pouce. Refoulés de chambre en chambre, ils se retranchent sur le toit, et le combat continue avec acharnement. Il était trop inégal pour que les assiégés ne succombassent pas. Quand leurs munitions furent épuisées, le nombre les écrasa. On les prit, on les garrota, et ils furent conduits dans les prisons du Vallo, pour être de là transférés dans celles de Salerne.

Ainsi fut consommée la trahison la plus noire. Ce qui m’étonne, c’est que le premier coup des trois frères n’ait pas été frapper le traître au cœur. Peut-être n’osaient-ils encore attribuer à l’amitié une telle infamie, et croyaient-ils à une surprise sans croire à une perfidie ! Le traître recut le prix du sang.

Le procès des Capozzoli fut bientôt fait, contre l’usage d’un pays où souvent les prévenus attendent leur jugement dans les cachots pendant plusieurs années. J’ai vu juger en Calabre un accusé qui l’attendait depuis douze ans.

La gazette officielle de Naples se divertit fort aux dépens des trois brigands. Leurs grands favoris noirs surtout devinrent le but de ses attaques. Il y eut un moment à Naples où les favoris furent prohibés comme un signe de carbonarisme. De là, force plaisanteries. La gazette