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VOYAGES.

Jusqu’ici, M. Nicholas seul nous a cité un exemple de ces rits mystiques, ceux dont il fut témoin quand Wiwia, après beaucoup d’instances, consentit à se dessaisir en sa faveur du peigne taboué qui avait servi à ce chef pour se couper les cheveux. Mais il faudrait plusieurs exemples de cette nature, surtout il faudrait des explications motivées de ces différens rits, pour se faire une idée exacte des opinions religieuses de ce peuple.

Certains objets sont essentiellement tapous ou sacrés par eux-mêmes, comme les dépouilles des morts, surtout de ceux qui ont occupé un rang distingué. Dans l’homme, la tête l’est au plus haut degré, et par conséquent les cheveux qui lui appartiennent. C’est une grande affaire pour ces insulaires que de se couper les cheveux ; quand cette opération est terminée, on veille avec un soin extrême à ce que les cheveux coupés ne soient pas abandonnés dans un lieu où l’on pourrait marcher dessus. L’individu tondu reste taboué durant quelques jours, et ne peut toucher à ses alimens avec ses mains. M. Savage, qui ignorait la véritable cause de cette restriction, l’attribuait à un motif de propreté. Il en est de même de la personne qui vient d’être tatouée, car l’opération du moko ou tatouage entraîne également un tapou de trois jours.

C’est pour la même raison que ces sauvages ne peuvent souffrir aucune sorte de provisions dans leurs cabanes, surtout de celles qui viennent d’êtres animés, comme viande, poisson, coquillages, etc. ; car si leur tête venait à se trouver, même en passant, sous un de ces objets, ils s’imaginent qu’un pareil malheur pourrait avoir des suites funestes pour eux. M. Savage le premier remarqua que ces insulaires ne s’asseyaient