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VOYAGES.

les hommes se ressemblent plus qu’on ne pense !

Toutes les fois que les missionnaires, pour démontrer aux naturels l’absurdité de leurs croyances touchant le tapou et le makoutou, leur ont offert d’en braver impunément les effets dans leurs propres personnes, les Zélandais ont répondu que les missionnaires, en leur qualité d’arikis, et protégés par un dieu très-puissant, pourraient bien défier la colère des dieux du pays, mais que ceux-ci tourneraient leur courroux contre les habitans, et les feraient périr sans pitié, si on leur faisait une semblable insulte.

Les songes, surtout ceux des prêtres, sont d’une haute importance pour les décisions de ces sauvages. On a vu des entreprises, concertées depuis long-temps, arrêtées tout à coup par l’effet d’un songe, et les guerriers reprendre le chemin de leurs foyers, au moment où ils se repaissaient de l’espoir d’exterminer leurs ennemis, et de se régaler de leurs corps. Résister aux inspirations d’un songe serait une offense directe à l’Atoua qui l’a envoyé. M. Dillon ne put se débarrasser des importunités d’un naturel, qui voulait s’embarquer sur son navire pour se rendre en Angleterre, qu’en assurant à cet homme qu’un songe lui avait annoncé qu’il périrait infailliblement, s’il entreprenait ce voyage.

Les Zélandais rendent de grands honneurs aux restes de leurs parens, surtout quand ils sont d’un rang distingué : d’abord, on garde le corps durant trois jours, par suite de l’opinion que l’âme n’abandonne définitivement sa dépouille mortelle que le troisième jour après le trépas. Ce troisième jour, le corps est revêtu de ses plus beaux habits, frotté d’huile, orné et paré comme de son vivant. Les parens et amis