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VOYAGES.

me répéta aussi les jours de la semaine et les mois de l’année avec beaucoup d’exactitude.

Il existe chez les femmes de cette île une coutume très-gracieuse : elles se montrent uniformément parées de fleurs ; tantôt elles les mettent isolément dans leurs cheveux, tantôt elles en font d’élégans pendans d’oreilles, ou bien elles les tressent en couronnes ou en colliers ; mais, à quelque forme qu’elles les plient, elles font preuve d’un esprit ingénieux et d’un goût délicat. Les principaux arbustes qui leur fournissent leurs plus belles fleurs sont le fifau, le kowa (hibiscus rosa sinensis), le mouscoi[1], et le gardenia. Il paraît que la coutume orientale, de communiquer les affections par le moyen des fleurs, leur est tout-à-fait inconnue.

L’habit des hommes et des femmes n’est autre chose qu’un apé ou natte qui dessine la taille et descend jusqu’à la cheville : la partie supérieure du corps demeure entièrement exposée. Cependant les femmes font encore usage d’un vêtement que leur fournissent les feuilles du plantain ou du curcuma, qu’elles font sécher et blanchir au soleil. Ce vêtement, qui leur ceint la taille, ne descend pas ordinairement au-dessous du genou. Avant leur mariage, les femmes sont dans l’usage de se couper les cheveux, et de se barbouiller la tête de shoroi, qui n’est qu’un mélange de corail brûlé et de gomme d’arbre à pain ; après le mariage, elles enlèvent cette couche incommode, et laissent croître leurs

  1. Les fleurs de cet arbuste exhalent un parfum délicieux, et même, quand elles sont desséchées, elles le conservent pendant plusieurs années. Les indigènes se servent de ces fleurs pour aromatiser leur huile de coco. L’arbuste qui les produit se trouve dans les terrains montagneux.