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VOYAGES.

tempête redoubla de fureur, et rendit inutiles tous les efforts que nous fîmes pour gagner le rivage. Vers quatre heures du matin, M. Jones, le capitaine en second, et quatre marins, résolurent de risquer le trajet en se jetant dans la chaloupe, qui allait encore la tête au vent, étant maintenue dans cette position par son ancre. Ce trajet périlleux s’effectua sans accident.

Le succès de cette entreprise engagea un bâtiment baleinier à gagner aussi le rivage. Il fit deux fois le trajet sans accident, et emmena à terre quelques malades de la Nouvelle-Zélande qui se trouvaient à notre bord ; mais à son troisième voyage, les vagues étant devenues plus impétueuses avec la marée montante, ce bâtiment fut brisé contre les rochers ; heureusement les deux hommes qui le montaient furent sauvés, à l’aide de cordes qui leur furent jetées. Ce ne fut qu’à la pointe du jour du 31 mars que cette tempête se relâcha un peu de sa fureur ; et comme elle reprit de sa violence pendant ce jour, notre débarquement n’eut lieu que dans la soirée.

Les indigènes nous donnèrent une preuve de leur bon naturel dans cette circonstance : ils nous aidèrent à débarquer nos effets, à dresser nos tentes, et nous apportèrent des provisions de toute espèce. Après avoir passé dans cette île quelques jours que nous employâmes à radouber notre vaisseau et à disposer tout pour un nouveau voyage, nous quittâmes cette baie funeste le 8 avril. Quelques bâtimens baleiniers vinrent après nous dans cette île. Les dangers que nous avions courus ne perdirent rien de leur gravité dans la bouche des sauvages de Rotuma, amis de l’hyperbole, ce semble, autant que des voyages : et ils assurèrent depuis, d’un