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LITTÉRATURE.

» Un jour s’est passé, il s’en passe un second ; après le troisième jour, comme la nuit descend obscure, Zaboj entre au bois, après Zaboj une troupe de guerriers ; Slawoj entre au bois, après Slawoj une troupe de guerriers : tous pleins de foi dans leur guide, tous dans le cœur un murmure contre le roi, tous contre lui, avec des armes aiguisées.

» Allons donc, frères Slaves ! là sur la montagne bleue qui regarde de tous les côtés ; c’est là que nous pressons nos pas ! là sur la montagne, où le soleil se lève. Voyez là, quelle sombre forêt ! C’est là que nous tendons les mains ! Toi, gravis de ce côté à grands sauts de renard ; c’est là aussi que je gravis pour m’arrêter.

» Ah ! frère Zaboj, comme nos armes vont retentir terribles du haut de la montagne ! Laisse-nous d’ici nous précipiter sur les bandes d’assassins du roi.

» Ah ! frère Slawoj ! veux-tu détruire le dragon ? marche-lui sur la tête. Tu y réussiras ; et sa tête, c’est ici qu’elle est.

» Et voilà que la troupe se partage dans la forêt ; elle se partage à droite, puis à gauche ; elle avance ici à l’ordre de Zaboj, là à la parole du fougueux Slawoj, là sur la montagne bleue, au fond de la forêt.

» Le soleil paraît pour la cinquième fois, et les mains des héros s’atteignent, et avec des sauts de renard, ils s’élancent sur l’armée du roi.

» Toute son armée périra, toute son armée, d’une seule fois. Ludiek, tu n’es qu’un esclave, un esclave des esclaves. Dis à ton frère jumeau que sa parole puissante ne vaut, pour nous, pas plus que la fumée.

« Et Ludiek frissonne ; il appelle l’armée d’un cri soudain. Tout à l’entour le ciel brille de son reflet, et dans l’éclat du soleil brille le rayon de l’armée du roi. Tous les pieds sont prêts pour la course, toutes les mains pour l’attaque à la voix de Ludiek.

» Allons, frère Slawoj ; c’est là, cours en sauts de renard : je leur présente le front en face. »

» En avant s’élance Zaboj, en avant, pareil à une nuée