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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

nie). Il commença ses travaux par une adresse à la diète, revêtue de plus de trois cents signatures, et où l’on déclarait, au nom de la Lithuanie, de la Wolhynie, de la Podolie et de l’Ukraine, que ces quatre provinces accédaient pleinement aux engagemens de la commune patrie, et confiaient leurs destinées aux représentans du royaume de Pologne ; ils finissaient en demandant à la diète de former une légion distincte dans l’armée nationale.

Le 24 janvier, Lelewel, en sa qualité de nonce de Zelechiow, se mit à la tête de la députation des frères réunis, et vint présenter leur adresse à la chambre des nonces. La chambre accueillit son discours avec acclamations, et décida, après une discussion assez longue, qu’il y aurait dans l’armée polonaise deux légions distinctes, dont une porterait le nom de légion de la Lithuanie, de la Samogitie et de la Russie-Blanche[1] ; l’autre, celui de légion de la Wolhynie, de la Podolie et de l’Ukraine[2]. Zwierkowski, député de Varsovie, et Swidzinski, nonce de Sandomir, voulaient qu’on donnât à cette dernière légion le nom de légion de terres russiennes mais la chambre, sans doute par ménagement pour l’Autriche, qui possède la Gallicie, ancienne métropole de ces terres, rejeta leur amendement[3]. Une des com-

  1. Gouvernemens russes de Wilna, Grodno, de Bialystok, de Minsk, de Mohilow et de Witepsk.
  2. Gouvernemens russes de Wolhynie, de Podolie et de Kiovie.
  3. Cette distinction entre les deux légions fraternelles est fondée sur l’ancien droit politique de la Pologne. La Lithuanie était, comme on sait, un état séparé ; depuis 1386 jusqu’en 1569, elle ne fut liée à la Pologne que par la famille des Jagellons, qui régnait à Wilna par la grâce de Dieu, et à Cracovie par la volonté du peuple. Ce ne fut qu’après deux siècles d’une histoire commune que ces deux nations s’unirent par une espèce de mariage politique pour ne plus former qu’un seul peuple. Mais l’acte de cette union fédérative portait que la Lithuanie, tout en renonçant à la féodalité, conserverait ses propres lois civiles et criminelles, son armée et son trésor à part ; elle resta même indépendante, mais comme partie intégrante de la république fédérative polonaise, dont l’ancien royaume de Pologne n’était lui-même qu’une