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LITTÉRATURE.

nier… Mais nous n’avons jamais senti l’un pour l’autre de ces mouvemens qui rapprochent deux êtres formés du même sang… Mes entrailles ont toujours tressailli à sa vue, mais c’est de colère… Mon cœur s’est toujours ému, mais c’est pour se resserrer… Sans doute sa conduite pour vous en est cause…

La Comtesse.

Mon fils, peut-être l’ai-je méritée…

Don Félix.

Par trop de faiblesse peut-être ; mais autrement c’est impossible ! vous êtes trop bonne mère pour n’avoir pas été bonne épouse… Toutefois, je ne sais si je dois vous remercier de votre dernier secours… En me sauvant la vie, peut-être m’y réservez-vous des crimes…

La Comtesse.

Des crimes !…

Don Félix.

Oui, moi et mon père nous y allons… Il veut que je sois parti dans une heure pour Amarillas, et que j’y reste deux mois, ou sinon… Regardez ce qu’il y a sur vos mains, ma mère…

La Comtesse.

Oh ! horrible !… Eh bien ! partez, mon fils ; ne vous exposez pas à un malheur ou à un crime…

Don Félix.

Moi, fuir ! et que je laisse ma mère en butte à sa brutale colère, et ma fiancée en proie à son infâme amour !…

La Comtesse.

Ohl ne craignez rien pour moi, mon fils… et partez avec dona Maria…

Don Félix.

Partir avec dona Maria… Mais est-ce possible ?… Avons-nous les moyens… les ressources ?…

La Comtesse.

Dona Maria a des parens à Santarem ; elle voulait même aller y célébrer son mariage… Eh bien ! vous exécuterez