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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

Mais les Touraniens, dont je viens de parler, appartenaient à la grande famille des Kshatriyas de la région arienne, famille originaire des contrées au sud du Paropamise. Ces Asvapatis, comme on les nommait en sanscrit ; ces Aspiens, comme l’on disait en langue zende, étaient les Ariaspes ou Arimaspes, les cavaliers de race arienne. Ils portaient encore, dans la langue indienne, le nom de Tourangamas ou Haihayas, mots qui signifient cavaliers. Ces Ariaspes ou Arimaspes (les Maspiens d’Hérodote), avaient fait d’anciennes incursions dans l’Inde, de concert avec les Sakas, les Pahlavas, les Paradas (Saces, Parthes et Mèdes). Jusqu’au règne de Sagara, ils avaient inquiété le royaume naissant d’Ayodhya, et les Haihayas, après avoir formé des établissemens dans l’Inde centrale, s’étaient même affiliés dans la race des Courous et des Yadous.

Repoussés de l’Hindoukoush et de la Bactriane, reconstitués dans la Transoxane, ils revenaient aux contrées de leur berceau, dont les richesses les attiraient. De là l’illustration des exploits des Arimaspes contre les griffons, oiseaux gardiens de l’or, qu’ils avaient arraché aux Nagas ou Danavas, aux serpens couchés sur ce métal des régions sauvages ; fable guerrière à laquelle on a imprimé une profonde signification morale, quand on a vu l’héroïsme boire à la source empoisonnée de la magie et des sombres crimes, succomber à la soif de l’or, qui pousse les hommes à la démence et provoque de cruelles désunions au sein d’une seule et même famille. On retrouve cette fable parmi les nations germaines, où elle est le fondement de toutes les créations de la muse épique. Les Grecs la font recueillir par le fameux Aristée, qui chanta les Arimaspes, après avoir voyagé dans leur pays. C’est là, sans con-