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HISTOIRE. — PHILOSOPHIE.

milieu des Waidelottes, prêtres qui vivaient dans le célibat, comme les Bouddhistes, et dont le nom vient de waidin, science, ou de waidys, le voyant, le prophète, en sanskrit vidya, la science. À l’instar des Druides, ces prêtres formaient une hiérarchie, ayant à leur tête un Kriwe, un grand-prêtre, semblable à l’archi-druide, et qui était choisi parmi les vieillards les plus avancés en âge. Lorsqu’il voulait aller rejoindre les dieux, quand il croyait avoir atteint le but de son existence, après avoir désigné son successeur, ce Kriwe, montant sur le bûcher, se confiait vivant aux flammes.

La religion de ces prédicateurs de l’immortalité n’avait pas partout ce caractère de douceur qui distingue le bouddhisme de l’Inde. Le culte de Salmolxis était sanglant, comme celui du Kriwe lithuanien et de l’archi-druide. Propagée par des missionnaires, et répandue par des apôtres (car tel est le caractère de ce système, qui cherche à se répandre par le prosélytisme, et qui se croit la vérité plus que les autres religions païennes), cette croyance, foncièrement une, a dû revêtir mille formes en traversant mille peuples, et capituler avec bien des religions plus anciennes en date. Le bouddhisme indien lui-même s’est lié au culte de Siva dans le Népal et le Boutan, comme précédemment dans le Décan de l’Inde. Mais partout les grands traits subsistent ; partout le sacerdoce rompt, dans ce système, les liens de la famille, c’est un sacerdoce antibrahmanique dans son essence. On n’est pas né Bouddha, ou Saca, ou Gautama, pas plus que l’on est né Salmolxis, ou Dicénée, ou Abaris, ou Aristéas, pas plus que l’on est né Kriwe ou archi-druide ; mais on paraît comme tel dans tous les rangs de la société indistinctement, où