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L’ESPAGNE TELLE QU’ELLE EST.

cours. Partout où l’on voit un plat à barbe pour enseigne, on peut y lire les mots chirurgien et accoucheur. Pour obtenir ce titre, il faut d’abord être infirmier dans les hôpitaux, suivre certains cours, subir des simulacres d’examens, et surtout payer la licence.

Durant son séjour à Madrid, le docteur Faure fut servi par deux de ces aspirans, qui, nous assure-t-il, faisaient d’excellens valets, et à bien des égards lui parurent le vrai type de l’espèce. En outre, il y a des docteurs en médecine et en chirurgie qui traitent les maladies internes, opèrent dans l’occasion, quoique toujours maladroitement, et occupent d’importantes places, particulièrement des chaires d’enseignement.

L’Espagne ne peut citer un seul anatomiste de quelque réputation. La dissection y est impraticable. Une seule tentative pour se procurer des sujets causerait une insurrection, et infailliblement celui qui l’aurait osée serait assassiné. Madrid ne possède pas une seule bonne préparation anatomique. Quant à la collection des modèles en cire du collége de San-Carlos, dont l’ignorance espagnole est si fière, lors même qu’elle serait complète, elle ne pourrait, jamais remplacer la dissection.

La physiologie a dû partager le sort de l’anatomie, et dans un temps où cette science s’est enrichie par les travaux des savans de toute l’Europe, les Espagnols n’ont contribué en rien à ses progrès. Ils se vantent d’avoir éclairé la médecine légale, et certes bon nombre d’ouvrages ont été publiés sur ce sujet ; mais pour juger du mérite de ces traités, il suffit de considérer l’état de la science médicale dans le pays, et l’absence presque universelle de connaissances chimiques, anatomiques et physiologiques. La pratique des accouchemens y a quelques succès, grâce aux procédés importés de France ; mais ils n’ont aucun bon traité sur la matière, et, si l’on excepte celui d’Arejula sur la fièvre jaune, et celui de Luzuriaga sur la colique de Madrid, nous connaissons à peine un seul ouvrage médical d’origine espagnole, qui soit