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STATISTIQUE DE LA CHINE.

lateur, du sublime moraliste Konfoutze[1], à qui l’on a élevé des temples.

La couronne est héréditaire dans la ligne masculine, mais on ne suit pas toujours l’ordre de primogéniture.

Le pouvoir suprême est exercé par l’empereur, qui prend le titre de souverain seigneur et de fils du ciel.

Le principe du gouvernement est le despotisme asiatique, caché sous les formes patriarcales, et mitigé par l’influence des maximes de leur ching sing (sage)[2], par des lois généralement justes, par le droit de représentation donné à certains magistrats, et par l’obligation où est le monarque de choisir les hommes en place, d’après des règles invariables et dans le corps des lettrés. Mais le fouet, le bambou et les licteurs précèdent toujours le souverain, ainsi que ses agens. Sa personne est adorée au moins à l’égal du thian (le ciel), et ce père du peuple fait mettre à mort les malheureux qui, se trouvant sur son passage, ne se précipitent pas aussitôt la face contre terre, en tournant le dos à ce demi-dieu.

La religion de l’empereur régnant est celle du Dalaï-Lama, qui vit sous sa protection. Elle est suivie par un grand nombre de Mandchous. Le peuple est livré au panthéïsme ; ses dieux sont aussi nombreux que les sables du fleuve Hang, (Hang-Ho-Cha-Sou, comme disent les adorateurs de Fo.) Les lettrés sont adonnés à une espèce de spinosisme. Ils m’ont paru croire à la matière et à l’âme du monde, ou aux deux principes mâle et femelle, ainsi que Pythagore, les Égyptiens et la plupart des peuples de l’antiquité, et non pas à un Dieu créateur, quoique quelques écrivains chinois attribuent à Li, et d’autres à Taou, l’éternité et la spiritualité, et en fassent une espèce de Logos. Ils n’ont pas même la satisfaction de croire à un dieu rémunérateur et punisseur. Ils adorent, ou plutôt ils honorent seulement l’Esprit

  1. Confucius. Ce grand homme me paraît néanmoins avoir trop ménagé les superstitions de son temps, et s’être trop plié au despotisme.
  2. Épithète que les Chinois donnent à Konfoutze.