Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 4.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
249
STATISTIQUE DE LA CHINE.

considérable que celui de l’extérieur, qui n’est pas en proportion avec la grandeur et la richesse du pays. L’exportation du thé est de 50 millions de francs pour les Anglais seulement, et l’importation de l’opium, de 45 millions de fr.

Quant aux antiquités chinoises, toutes respectables qu’elles sont, il faut en bannir les observations astronomiques, qu’on voudrait faire remonter au-delà de 1100 avant Jésus-Christ, ainsi que les fables de Fo-hi et de Hang-ti, qui sont abandonnées par plusieurs lettrés, doués du véritable esprit philosophique.

Nulle part peut-être, pas même en Angleterre, on ne trouve autant de patriotisme et d’amour du travail que chez les Chinois : ce sont là leurs plus grandes vertus. On peut leur reprocher le libertinage, un trop grand amour du gain, le mensonge et la lâcheté.

Mais je doute qu’on doive les blâmer de nous fermer l’intérieur de leur empire. C’est à l’ambition et aux intrigues des jésuites que nous devons cette mesure rigoureuse ; je dirai plus : quel bien retirent-ils de leur commerce avec les Européens ? Nous les abrutissons, nous les empoisonnons avec cette drogue (l’opium) d’autant plus redoutable, qu’il est dangereux d’en abandonner l’usage une fois qu’on l’a contracté. Il est vrai qu’en revanche ils nous énervent avec le thé (châ.)

J’ai vu rarement des Chinois qui ne sachent pas lire et écrire : ils l’emportent à cet égard sur les Français, les Anglais et même les Allemands, et pourtant ils n’ont pas, comme les ignorans en France, cette impertinence et ce ton léger, moqueur et tranchant qui ne doutent de rien. On sait que la langue chinoise était primitivement hiéroglyphique, et qu’elle est aujourd’hui monosyllabique. Ses caractères idéographiques lui donnent plusieurs avantages sur les autres langues. Il a fallu un peuple d’une ouïe aussi fine que les Chinois pour former une langue composée de trois cent trente syllabes, partagées en une multitude de mots auxquels six accens donnent autant d’acceptions différentes, et dont