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REVUE. — CHRONIQUE.

M. Larabit, et le démenti de M. Larabit à M. Tiburce à la chambre des députés ; puis ensuite, le démenti de M. d’Argout à M. de Fitz-James et de M. de Fitz-James à M. d’Argout à la chambre des pairs. Tout cela se passe fort tranquillement. En Angleterre, ce ne serait pas trop de quatre balles pour conclure ; nous sommes plus accommodans chez nous : aucun de ces démentis n’a son écho dans le bois de Boulogne ; c’est assez que les journaux en retentissent. Au reste, M. de Fitz-James a fort mal et fort imprudemment parlé cette semaine. Tout cela est très-misérable et très-nul, en vérité.

Voulez-vous savoir une grande révolution ? La religion saint-simonienne, qui avait deux papes, n’a plus qu’un pape. Le pape Enfantin a fait, lui aussi, son dix-huit brumaire ; il a brisé la moitié de papauté de son confrère le pape Bazar. Enfantin s’est déclaré le seul chef de l’amour, aux grands applaudissemens des religieux.

Le théâtre n’a guère été plus animé que la tribune. Un homme de talent et de cœur, un ex-préfet, a fait jouer à l’Odéon, un drame sur Mirabeau. Ce drame languissant, mais dont plusieurs parties étaient bien conçues, a été mal reçu. Assez de Mirabeaux, assez de Napoléons, assez de grands noms, mutilés, traînés sur la place, il est temps de revenir à l’art.

L’Opéra-Comique a donné un opéra de six compositeurs, la Marquise de Brinvilliers. Comme musique, c’est une chose diffuse et sans unité. On a beaucoup applaudi au duo de M. Auber, au troisième acte. Le drame est bien fait et terrible. Le poison est jeté à pleines mains, et cependant d’une manière assez vraisemblable ; malheureusement un duo n’a jamais fait un opéra, même comique.

Le plus grand fait littéraire de la quinzaine est la comédie de M. de Latouche au Théâtre-Français. Parmi les gens d’esprit, les gens redoutés, les hommes de moquerie et de verve, M. de Latouche est placé un des premiers. Écrivain épigrammatique et élégant, observateur profond et moqueur, mépri-