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REVUE. — CHRONIQUE.

mettre à étudier Delacroix ou Decamps, a mieux aimé admirer sur parole les tableaux signalés d’avance à son attention et à ses sympathies par les feuilles de l’opposition. En haine de l’église et de la royauté, il a fait un succès éclatant au Mazarin et au Richelieu ; il a continué au Louvre ce qu’il fait tous les soirs au Cirque Olympique.

À la bonne heure, et peut-être faut-il encore qu’un demi-siècle ait passé sur la France pour que la foule aime dans un opéra la musique, et dans un tableau la peinture.

Mais, à tout hasard, nous conseillerons à madame Malibran de renoncer à ses habitudes dramatiques, malgré le succès qui les couronne. D’ici à deux ans, peut-être, si elle continue, qui sait si elle pourra chanter ?


RÉPONSE À LA BROCHURE DE M. DE CHATEAUBRIAND,
PAR UN SOLDAT[1].

Nous annonçons avec plaisir cette brochure qui mérite l’attention des hommes qui suivent sérieusement les discussions politiques du moment. Cet écrit met assez franchement en lumière la position embarrassée dans laquelle se trouve placé M. de Chateaubriand dans sa route politique, un peu gêné par son habit de pélerin et de chevalier, pour marcher en homme nouveau d’une allure républicaine ; faisant de l’absence par coquetterie pour Paris qui n’y prend pas garde ; complimentant le chansonnier qui lui chante un compliment ; plaidant pour Henri v, et s’étonnant de s’apercevoir que son plaidoyer tourne au plus grand avantage de Napoléon ii, tant l’aigle aurait bonne grâce, dit-il, à relever le drapeau d’un blanc sale qui traîne sur les mairies.

Ce soldat a plus d’esprit que bien des officiers, et cela me ferait penser volontiers qu’en fait de littérature l’armée est plus forte qu’on ne croit, et que l’on ne se défie pas assez d’elle.


  1. Chez Levavasseur, libraire au Palais-Royal.