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poste, les six frères désignés pour lui prêter ainsi secours et assistance.

On entendit sonner midi à l’horloge de Santa-Cruz, et peu d’instans après s’avancèrent gravement, du bout du corridor, six alguazils, quatre carceleros[1] et l’alcayde[2] de la prison précédés d’un alcade, tous en robes noires. Ils s’arrêtèrent vis-à-vis de la porte de la capilla, devant l’accusé. — L’alcade lut alors la sentence qui condamnait Jose Guzman à la peine de mort, en horca[3], pour un vol de 20 réaux commis avec effraction, et ordonnait que le condamné fût immédiatement mis en capilla pour être, ensuite, la condamnation exécutée dans la forme et les délais ordinaires. — L’alcade lut cette sentence avec toute la dignité convenable, contenant sans doute si bien son émotion, qu’on n’en vit absolument rien se trahir ; il lut avec un accent castillan très pur, prononçant nettement et distinctement chaque mot, sans qu’une seule corde tremblât dans sa voix, sans qu’un seul nerf désobéissant contractât le moindre trait de son visage ! — Oh ! le grave et digne alcade !

Guzman n’avait pas montré moins de calme que lui pendant cette lecture. – Le laissant entre les mains des membres de la confrérie de paz y caridad qui le firent entrer avec eux dans la capilla, l’alcade se retira solennellement avec son cortége d’alguazils et de carceleros, comme il était venu.


III.
LA CAPILLA.

C’est bien sur la porte de la capilla qu’il faudrait écrire :

Lasciate ogni speranza voi ch’ entrate.

La capilla, c’est le dernier logement, le dernier gîte que le

  1. Geôliers.
  2. Chef des geôliers.
  3. La horca est la potence.