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LETTRE
AU DIRECTEUR DE LA REVUE DES DEUX MONDES
SUR


UN PROJET DE CRÉATION D’UN MUSÉE ETHNOGRAPHIQUE.

On annonce qu’à l’imitation de l’Amérique du nord, la France va fonder un musée ethnographique, destiné à réunir les armes, les meubles, les instrumens de chasse et de pêche, les ornemens, les idoles des peuples sauvages et à demi civilisés. Une galerie des bâtimens nouveaux qui s’élèvent sur les ruines de l’ancien hôtel du Trésor, pour l’agrandissement de la Bibliothèque royale, paraît devoir être consacrée à cette collection naissante, un rapport sur l’institution projetée est demandé à M. Abel Rémusat, et un journal attribue la pensée première de la fondation à une commission récemment nommée par M. le ministre des travaux publics pour l’organisation du matériel des bibliothèques.

Permettez-moi, monsieur, de réclamer rang d’ancienneté pour un projet de musée ethnographique ou de l’industrie universelle présenté en février 1829, à la direction des Beaux-Arts, par mon frère, Jules de Blosseville, compagnon de voyage du savant capitaine Duperrey. La seule différence essentielle entre les deux propositions se borne au choix du local ; dans le projet de 1829, il s’agissait d’une annexe au musée Dauphin, maintenant musée naval, comme il s’agit ici d’une dépendance de la Bibliothèque royale, comme il pourrait être question d’un accroissement du Conservatoire des arts et métiers. Remarquons, en passant, que, depuis ce projet, un musée ethnographique paraît avoir été ouvert à Saint-Pétersbourg.

Je n’ai pu retrouver l’original du mémoire déposé à la direction des Beaux-Arts. En l’absence de mon frère, qui navigue dans le levant, je n’ai sous les yeux qu’un fragment de ses notes ; il me sera cependant facile de reproduire les principaux argumens.