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plus remarquable et comme la capitale de l’Inde du nord. Le palais du roi avait, disait-on, été construit par des génies, les hommes ne pouvant avoir exécuté les sculptures magnifiques qui en faisaient l’ornement. Un autre établissement frappa beaucoup le principal voyageur, auteur de la relation, et il en parle avec une admiration mêlée de surprise. C’était une maison où de pauvres malades étaient soignés par des médecins qui leur prescrivaient la diète qu’ils devaient observer, les alimens qu’ils pouvaient prendre, les médicamens qui convenaient à chaque maladie. Il décrit avec le même étonnement naïf des lieux où de vertueux Samanéens et leurs savans disciples s’assemblaient pour conférer ensemble sur des sujets de religion et de philosophie. On s’aperçoit que tous ces objets étaient nouveaux pour lui, et les périphrases dont il use font voir que les mots propres lui manquaient pour dire que Patna avait de son temps un hôpital et des académies.

Après avoir parcouru des grottes sacrées qui existent aux environs de Gaya, et qui sont précisément celles que de savans Anglais ont reconnues et décrites quatorze siècles après notre voyageur, celui-ci descendit le Gange et vint s’embarquer dans un lieu qui n’est pas éloigné de celui où est maintenant Calcutta. Il lui restait encore à visiter une contrée célèbre dans les annales du Bouddhisme, l’île de Ceylan où se voient des lieux consacrés par les traditions. Il assista dans cette île à de nouvelles pompes, et vit avec une grande édification le brûlement du corps d’un religieux qui venait de mourir avec la réputation d’être parvenu au plus haut degré de sainteté. Il ne manqua pas d’aller contempler cette empreinte du pied de Bouddha, qui a fait donner par les Musulmans à la montagne où elle est marquée le nom de Pic-d’Adam, et ce qui est un hasard plus singulier, il rendit des honneurs à la dent célèbre qui tomba depuis dans la possession des Portugais, et dont un vice-roi de Goa refusa une rançon de 700,000 ducats, pour ne pas rendre à des idolâtres l’objet d’un culte superstitieux : acte de désintéressement qui fait assurément beaucoup d’honneur à la piété des premiers conquérans européens de l’Inde, et que n’imiteraient