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se réduit littéralement aux deux présidens nommés. Les embarras de M. Monroe et de M. Jefferson ne sont pas généralement attribués à l’exercice de la présidence. Tous deux, pendant une absence prolongée hors de leur pays, avaient probablement négligé leurs affaires. Je n’ai pas la moindre idée qu’un président ait jamais dépensé au-delà de son salaire pendant le cours de ses fonctions, et je ne pense pas qu’il soit du tout nécessaire qu’il dépense la totalité.

La Revue britannique pense qu’il n’y a aucune analogie entre le président des États-Unis et un roi ; elle le compare plus volontiers à un président du conseil. À la vérité M. Andrew Jackson n’est pas roi, il n’y a pas un fait plus certain que celui-là. Je suis également sûr qu’il ne deviendra jamais roi. Mais l’objection posée par la Revue est-elle bien juste ? Les Américains ne croient pas à la doctrine des pouvoirs séparés dans un gouvernement. Leur théorie dit que des forces opposées possédant une égale puissance ne peuvent pas coexister au sein d’une même communauté. Ils admettent qu’une société civilisée a plusieurs sortes d’intérêts majeurs, avec une infinité de nuances destinées à les réunir, à moins qu’ils ne soient séparés artificiellement ; et ils soutiennent que le moyen le plus sûr d’empêcher la prédominance illégitime de l’un quelconque de ces intérêts est de remettre le pouvoir aux mains de tous, avec la certitude que les parties respectives feront, de bon accord, des combinaisons telles que l’harmonie nécessaire sera conservée.

Ils disent que ce qu’on appelle l’équilibre des pouvoirs ou des trois formes de la souveraineté devient dans la pratique tout au plus un système d’obstacles, et ils ne croient pas à l’opportunité de faire indirectement ce qui peut être fait directement et mieux. Avec ces idées politiques, ils ont cherché à donner à leur gouvernement un ensemble sans lequel, à ce qu’ils croient, il ne peut y avoir aucune paix intérieure. Ils disent que les gouvernemens ont trois formes, la monarchie, l’aristocratie et la démocratie, et que ces formes comme les intérêts de la société elle-même, admettent un millier de gradations. La monarchie est un gouvernement où prédomine l’autorité d’un seul ; l’aris-