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tres, qui sont composés de ses créatures, l’ont déclarée régente, de sorte qu’elle a fait faire un sceau, où sont d’un côté les armes écartelées de France et de Bavière, et de l’autre, son portrait avec ces mots : Isabelle, par la grâce de Dieu, reine régente de France.

Ces détails politiques paraissaient intéresser fort peu Perrinet Leclerc, tandis qu’au contraire, il semblait désirer en connaître d’autres, qu’il hésitait à demander ; enfin, après un instant de silence et comme il vit que messire Juvénal s’apprêtait à prendre congé de lui, il lui demanda d’un ton qu’il essaya de rendre aussi indifférent que possible.

— Et dit-on qu’il soit arrivé quelque accident aux dames qui accompagnaient la reine.

— Aucun, répondit Juvénal.

Perrinet respira. — En quel endroit de la ville la reine tient-elle sa cour ?

— Au château.

— Une dernière question, messire : vous qui êtes un savant, qui connaissez le latin, le grec et la géographie, dites-moi, je vous prie, vers quel côté de l’horizon il faut que je me tourne pour regarder la ville de Troyes ?

Juvénal s’orienta un moment, puis prenant de la main gauche la tête de Perrinet, il la tourna vers un point de l’espace, qu’il indiquait en même temps de sa main droite.

— Tiens, lui dit-il, regarde entre les deux clochers de Saint-Yves et de la Sorbonne, un peu à gauche de la lune qui se lève derrière ce dernier ; vois-tu une étoile plus brillante que les autres ?

Perrinet fit signe qu’il la voyait.

— On la nomme Mercure. Eh bien ! en traçant une ligne verticale de l’endroit où elle te paraît suspendue jusqu’à la terre, cette ligne, vue d’ici, partagerait en deux la ville dont tu me demandes la position.

Perrinet laissa passer sans observation ce qui lui paraissait peu clair dans la démonstration astronomico-géométrique du jeune maître des requêtes, et ne s’attacha qu’à ce point, qu’en